From Girona with love, chapter 1.

The plane just landed in the Catalan metropolis. An unremarkable—and rather comfortless—flight. As I am laboriously extricating myself from the chemically induced sleep that prevents jet lag, I’m searching for my companions, as we were spread out in this tin can filled with soccer-playing kids headed for the skills-building workshop at Camp Nou, FC Barcelona’s mythical stadium.

We’re also here to play. But for now, we alight, pick up the boxes in which we have cradled our bikes from the conveyor belt reserved for oversized baggage, and head out to the train station. We’re all caffeine-fuelled zombies, exhausted by the transit but excited by the prospect of finally being able to ride out in the open.

We change trains in downtown Barcelona. Between this station (Sants) and that of Girona, the landscape is uninviting and only makes one envision the destinies of all the people who live in the slums, project housing and well maintained, yet undeniably modest dwellings that fly by our retinas stunned by a sunlight that is still unsure if it’s winter or spring.

Who are these people? What are their dreams? What makes me different from them, apart from being born where I was born? Newcomers to our car chase that train of thought away just as we flick away a speck of dust from the sleeve of a black suit.

Biking takes back its rightful place in our minds.

We call such trips “training camps”, but they mostly serve the purpose of training us to be something other than our ordinary lives dictates. First because they force us to live as a tribe when our lifestyles are making us increasingly solitary. Marinating in our habits, we have to leave our self-centred lives behind for a few days. Most of us have also left work behind, eager that we are to devote ourselves to the sport we love above all else and which we have made a lifestyle of its own.

Last years was Nice, this year, it’s Girona. The Mecca of the pros. Let’s find out what they like so much about it, then.

The first thing I notice is the light. It is ever-changing to the slightly observant eye. Here, it is remarkably yellowish, imparting everything it touches with what seems like a pale halo. I noticed it as soon as we exited the Girona train station. The houses, unevenly paved alleys, gas stations and grocery stores with whiter than white facades seem to irradiate. Maybe, also, it’s nothing but fatigue overcoming me.

Our bike boxes are making quite a racket as we get lost by following Google Maps’s erroneous indications. In the end, we’ll have walked for nearly an hour, schlepping our stuff around. Yet, as soon as we arrived, that fatigued vanished. Our apartment is perfect, ideally located in a narrow street of the old part of town, just a few metres from a small plaza where restaurateurs have set up their tables.

The day is drawing to an end. We hurry to unbox our bikes so we can go on a quick first sortie to stretch our legs a little. Bubble Wrap, foam, tape and various tools are strewn about the apartment’s wooden floor while we enthusiastically unwrap our precious mounts. That is, until we realize the platter from one of the bikes has slid through a slit under the box. The large, 53-toothed platter is sectioned, perfectly cut as if by a saw or large hydraulic pliers. It’s a Dura Ace, a five screw model, that is quite hard to find.

Our first outing is compromised. As are the following ones. We’re on the hunt for a solution. I’ll tell you about it later.

From Girona with love!

A text by David Desjardins.

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L’avion a atterri dans la métropole catalane. Un vol sans histoire, sans réel confort non plus. Je m’extrais péniblement du sommeil médicamenteux qui me permet d’éviter le décalage horaire; je cherche mes comparses du regard, nous sommes éparpillés dans ce coucou rempli d’enfants qui jouent au soccer et s’en vont participer à des ateliers de perfectionnement au Camp Nou, le mythique stade du FC Barcelone.

Nous aussi sommes venus jouer. Mais pour l’heure, nous descendons, récupérons les boîtes dans lesquelles sont emmaillotés nos vélos sur le convoyeur réservé aux bagages surdimensionnés, puis nous filons vers la gare de train. Des zombies, écrasés par la fatigue du voyage, mais dopés à la caféine, excités par la perspective d’enfin rouler dehors.

Changement de train au centre-ville de Barcelone. Entre cette gare (Sants) et celle de Gérone, le décor n’invite à rien, sinon à imaginer les destins de tous ces gens qui habitent les taudis, les HLM et les demeures bien entretenues mais résolument modestes qui défilent sur la lentille nos rétines ahuries par un soleil qui hésite encore entre l’hiver et le printemps.

Qui sont ces gens? À quoi rêvent-ils? Qu’est-ce qui me sépare d’eux, sinon la chance d’être né où je suis né? De nouveaux arrivants dans notre wagon viennent chasser ces pensées, comme on brosse une poussière venue se déposer sur la manche d’un veston noir.

Le vélo reprend sa place dans nos têtes.

Nous appelons ces voyages des « camps d’entraînement ». Ils nous permettent surtout de nous entraîner à être quelque chose d’autre que nos existences habituelles. D’abord parce qu’ils nous obligent à vivre en tribu, alors que nos modes de vies nous rendent de plus en plus solitaires. Confits dans nos habitudes, nous devons renoncer pour quelques jours à vivre au rythme de notre égoïsme. La plupart d’entre nous avons aussi laissé le travail à la maison, prêts à nous consacrer au sport que nous aimons par-dessus tout et dont nous avons fait notre mode de vie.

Après Nice, l’an dernier, nous avons choisi Gérone. La Mecque des pros. À nous de découvrir ce qu’ils y trouvent de si fameux.

Je remarque d’abord la lumière. Elle est partout différente si on s’y attarde un peu. Ici, elle est particulièrement jaune, conférant à toutes les choses qu’elle éclaire une sorte de halo pâle, dirait-on. Je le perçois en sortant de la gare de Gérone. Les maisons, les ruelles aux pavés inégaux, les stations-services et les épiceries aux devantures trop blanches irradient. Mais peut-être est-ce seulement la fatigue qui m’écrase.

Nos boîtes de vélos font un bruit d’enfer tandis que nous nous égarons en suivant les indications erronées de Google Maps. Nous marchons finalement une bonne heure en trainant notre barda. Mais à notre arrivée, la fatigue s’estompe. L’appartement est idéal, parfaitement situé, dans une rue étroite de la vieille ville, à quelques mètres d’une petite place où les restaurateurs ont installé leurs tables. 

Le jour vieillit. Nous nous empressons de déballer les vélos pour attaquer une première petite sortie pour nous délier les jambes. Papier-bulle, mousses, ruban adhésif et outils jonchent le sol de bois de notre logement tandis que nous déballons les précieuses montures avec entrain. Jusqu’à ce que nous découvrions que la plaque d’un des vélos a glissé par une fente sous la boîte. Le grand plateau de 53 dents est sectionné, parfaitement coupé, comme par une scie ou une longue pince hydraulique. Un Dura Ace, modèle à 5 vis, passablement difficile à trouver.

Notre première sortie est compromise. Les suivantes aussi. Nous partons à la recherche d’une solution. Je te raconterai plus tard.

Bons baisers de Gérone!

Un texte de David Desjardins. 


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