From Girona with love, final chapter.

A Heart Full of Mountains and Embers

I kid you not, it was as if Rocacorba’s mile markers were taunting me.

I took off like a rocket to attack at full speed this climb made legendary by the pros. Ever since they’ve invaded Girona to make it their base camp, North Americans have transmogrified that climb into a gauge of their physical fitness.

And when I say I was climbing at full speed . . . it’s a figure of speech. About halfway up this series of hairpin turns in the middle of nowhere, in the forest, the signs displaying the number of kilometres to go and steepness percentage—for a total of 9.9 km and an average steepness of 7%—seem to come less frequently. The steepness increases. Your legs are on fire. And suddenly, you feel like you’re not even moving anymore, like the signs are actually growing further apart and no longer indicate a distance to go, but rather the amount of ever-growing pain you feel.

I kept hoping for the next one, but each of them seemed to push back our next contact.

How do I tell you about Girona as I see her now, since a few days ago? There is the cathedral, the cobblestones and the medieval stone walls. Our apartment right in the middle of the bustling old city. There’s Taylor Phinney, whom we met on a terrace, dressed like a psychedelic dandy. But above all else, we are surrounded by climbs such as Rocacorba.

As a matter of fact, there are several better ones than that one, which takes you to a dead end at the foot of a telecom tower and the horizon is almost entirely obstructed by trees. Its main attraction is how hard it is, while other similar ones offer a much more captivating experience and landscape.

I will never forget the view of the logging road leading to Sant Hilari Sacalm or the pastoral setting of that other climb whose name I can’t seem to remember—but I seem to remember it sounded like Saint Mathieu—and that ended on a dirt road near a small house where the blue sky seemed to gobble up the Pyrénées’s skyline. Then there are all those shepherds roads, small paths criss-crossing camping grounds and anonymous hamlets, leading to other, ever more obscure roads and, finally, to magnificent villages that sit mountainside like gems on a piece of jewelry.

We climbed and rode down Els Angels—which we pronounced Hells Angels for a good laugh and is located a stone’s throw away from the city—every which way before looking for, and finding, its sister road, not far to the south. We tagged along the Service Course gang through the steep ridges where their Sunday outing would take us.

And, most importantly, we discovered Mare de Deu.

If you think of the mountain passes that surround Girona as a crown, then Mare de Deu is the crown jewel. Christian Meier told us it is his most favourite climb: now, we know why. This beauty’s 19 km at an average of 5% stretch out curvily and quietly, cars and other bikes being rather few and far between, which easily imparts the feeling that you own that road. Foliage hangs heavily over the road, hiding the sun and de facto leaving behind a few patches of morning dew, rendering the pavement a little treacherous. We climb it with the regular puff and pant of people who’ve grown accustomed to the tolerable yet constant pain that comes with such long climbs. Sitting, then standing on the pedals to move the pain around—or attack a tighter curve.

The last few bends are breathtaking. In all meanings of the words. They are steeper and they snake about on the bald part of the mountain, atop of it. It was there that 360 degrees of splendour awaited us. The sea, afar. The Pyrénées’s snowy peaks.

I will miss everything from here. The light. The forest. Passes climbed at full speed and rode down as if we were in a video game with lives to spare. The people. The city. And the friends, obviously. We shared this precious time outside of time with them, entirely devoted to this passion, in order to stop it from consuming us. You can fan the fire all you want, it will eventually die down and its embers will have the shape of your heart.

Travelling to ride means falling in love with cycling over and over again. 

A text by David Desjardins.

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Des montagnes et des braises dans le coeur

Je te dis, c’était comme si les bornes kilométriques de Rocacorba me narguaient.

J’étais parti comme une fusée pour me faire à pleine vitesse cette grimpe rendue légendaire par les pros. Depuis qu’ils ont investi Gérone pour en faire leur camp de base, les nord-américains ont transformé cette montée en étalon de leur forme.

Je montais à pleine vitesse… manière de parler. Les affiches qui annoncent les kilomètres restants et le pourcentage de chaque segment (au total, 9,9km à une moyenne de 7%) donnent l’impression de s’espacer à partir de la moitié de cette série de virages en épingles au milieu de nulle part, en pleine forêt. Le pourcentage s’accentue. Les jambes brûlent. Et soudainement, on a le sentiment de ne plus avancer, que ces bornes s’éloignent les unes des autres et ne désignent plus une distance, mais un temps de souffrance qui se dilate.

Je les espérais, chacune, mais elles semblaient chaque fois retarder notre prochaine rencontre.

Comment t’expliquer Gérone comme je la vois depuis des jours maintenant? Il y a la cathédrale, les pavés et les murs de pierre médiévaux. Notre appartement au cœur de la vieille ville animée. Il y a Taylor Phinney, croisé en terrasse, fringué en dandy psychédélique. Mais surtout, partout autour, il y a des grimpes comme celle de Rocacorba.

En fait, plusieurs sont beaucoup mieux; cette dernière se conclut en cul-de-sac, au pied d’une antenne de télécommunications, l’horizon y est presque entièrement obstrué par les arbres. Son principal mérite est sa difficulté, alors que d’autres parmi ses semblables proposent une expérience et un paysage autrement captivants.

Je garderai à jamais en mémoire les images du chemin forestier qui mène à Sant Hilari Sacalm et du décor champêtre de cette autre montée, dont je ne parviens à me souvenir du nom (cela ressemblait à Saint Mathieu, il me semble), et qui se terminait sur une route de terre, aux abords d’une maisonnette, le ciel bleu avalant le profil des Pyrénées. Et puis il y a toutes ces routes de berger, minuscules chemins coupant à travers des campings, des hameaux anonymes, menant à d’autres routes encore plus obscures, puis à des villages magnifiques qui sertissent le flanc rocailleux des montagnes.

Nous avons grimpé et descendu Els Angels (que nous prononcions Hells Angels pour rire), à quelques encablures de la ville, dans tous les sens, nous avons cherché –et trouvé- sa route-sœur, juste un peu au sud. Nous avons suivi la bande du Service Course dans les arrêtes pentues où nous menait leur sortie dominicale.

Et surtout, nous avons découvert Mare de Deu.

Si les cols qui entourent la ville de Gérone forment une sorte de couronne, Mare de Deu en est le principal joyau. Christian Meier nous avait dit qu’il s’agissait de sa grimpe favorite : on le comprend. Les 19km à 5% de moyenne de cette beauté s’étirent en lacets silencieux où les voitures et les autres vélos se font plutôt rares, nous donnant le sentiment que la route nous appartient. Les frondaisons ploient au dessus de la route, cachant le soleil, préservant du même coup quelques plaques de rosée matinale sur la chaussée ainsi rendue traitresse. On l’escalade dans l’ahanement régulier de celle ou celui qui s’installe dans la douleur tolérable mais constante des longues montées. Assis, puis en danseuse pour changer le mal de place ou attaquer les virages plus abrupts.

Les derniers coudes sont à couper le souffle. Dans tous les sens de l’expression. Plus abrupts, ils tracent leur sillage dans la partie chauve de la montagne, à son sommet. Là, nous attendaient 360 degrés de splendeurs. La mer au loin. Les Pyrénées et ses pics neigeux.

Je vais m’ennuyer de tout ici. La lumière. La forêt. Les cols montés à plein régime et dévalés comme si nous évoluions dans un jeu vidéo avec plusieurs vies à notre disposition. Les gens. La ville. Et les amis, comme toujours. Avec eux, nous partageons ce précieux temps en dehors du temps, entièrement consacré à la passion pour plus qu’elle ne nous consume. Parce qu’à force d’en attiser la flamme, nous pouvons voir le feu perdre de sa fougue, et ses braises prendre la forme de notre cœur.

Voyager pour rouler, c’est chaque fois retomber en amour avec le vélo.

Un texte de David Desjardins.


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